Les Editions de la Lettre libre - Divination poétique

Les  Editions de la Lettre libre  -  Divination poétique

Qu'est-ce que la divination poétique ? par LAIB Azedine

Qu'est-ce que la divination poétique ?

 

Dans l'histoire des hommes, il n' y a de vrai que la Littérature !

 

J 'exècre – je le concède – au plus haut point les théories littéraires ; les théories générales des textes ; les théories dites matérielles des textes qui nous abreuvent, époques passant, de maudites « chieries » sur le sens à donner au beau, à l'artistique, à l' esthétique d'une œuvre. Hors de moi, les tendances générales, les méthodes formalistes, les procédés mécaniques, les termes pesés, les idées complexes, les études littéraires – brillantes soient-elles ! Hors de moi les contributions fouillées, les topologies magnanimes, le style corseté, la sémantique microscopique, les lois de représentations générales, et autres aberrations du genre.

 

Me direz-vous: et la littérature dans tout cela ? Pour ma part, je vous répondrais que la Littérature, si tant est qu'elle soit ce qu'elle est censée être, revient à son sens le plus exclusif qui doit trouver sa consécration dans l'idée fabuleuse et primordiale des Lettres. Ainsi, nous prétendons qu'il y a Littérature dès lors qu'une langue générative quelconque se met en mouvement pour dire ou signifier quelque chose. Il n' y a pas alors à se soucier de déterminismes dans les termes, dans les mots, ou dans les particules les plus élémentaires qui soient de la grammaire, de la syntaxe, ou de la virgule dégueulante. C'est que l' oeuvre littéraire consiste pour vrai en un hasard. Toute la littérature est hasard dicté.

 

Mais un hasard mystérieux. La distribution de ce qui s'exprime par l'écrivain ne répond d'aucune loi, laquelle serait reproductible à l'infini, conformément à des probabilités répétées et mécaniques d'un certain système ciblé par les pseudo-spécialistes; fixant ainsi un cadre à imiter pour permettre à d'aucuns de se proclamer grand littérateur, écrivain en boîte ou poète iconoclaste du dimanche. Non alors, les choses demeurent un peu plus instinctives que cela, moins machinales pour le dire autrement.

 

Certes, l'on ne se contentera plus de se référer à l'idée antique d'une voie descendante de l'inspiration, celle-ci aimantée à une Muse chuchotant à l'oreille de son auteur-élu l' oeuvre entière tant espérée. La verticalité de l'influx surnaturel n'est plus de mise, c'est certain, pour élucider la question de la fabrication de l'écriture. Cependant, nous réclamons quand même de conserver cette esquisse de vision, d'expérience sacrée résidant dans l'âme du créateur. Mieux encore, nous allons jusqu'à affirmer l'existence d'un fait, d'une chimie de ce fait, d'actions et de réactions résonnantes qui lui sont liées, au-dedans de l'âme, qui presque antéposé, confinent à le rendre Miracle miraculeux.

 

En outre, c'est là que se place le champ de la divination poétique : Arthur Rimbaud fut le premier d'entre tous les créateurs du monde à avoir cerné les contours de ce Miracle. Il l'a désigné sous le terme désormais familier de « Voyance », faisant ainsi du poète le délirant quasi-malade, dont les transports féconds de son intérieur se proposent à sa vue - mage raisonnablement inspiré – avant de s'éclipser dans les méandres géniaux de ses sens.

 

La divination poétique veut se situer dans cette liaison intellectuelle, d'un art procédant non pas d'un jeu superficiel qu'il faut à tout prix déjuger, mais d'une expérience absolument remarquable, qui ne doit plus ignorer cette catégorie du hasard et du sacré en tant que partie prenante de la réalité du monde physique en général, et du champ littéraire en particulier. Les réalités psychologiques de l'instinct profondément créateur de l'homme sont les appels résonnants en bien des nuances admiratives et esthétiques. L'art poétique divinatoire se définit comme l'ensemble des lettres apposées sur le papier à partir de l'acte profond de devinance. La devinance devenant dans ce cas de la résonance, c'est à dire, une matière embrassant la voyance rimbaldienne, mais même la dépassant. Elle suppose – chaque mot étant ici mesuré – de sentir, de percevoir, d'en savoir le nouveau, l'inconnu, l'original, par le déploiement confus ou raisonné de tous les sens.

 

Qu'importe la beauté donc ! La devinance fera son devoir de mettre au jour ce qui résonne et doit être dit, ...nécessairement alors Littérature.

 

 

 

Copyright © Tous droits réservés. avril 2020

 

 

 



16/04/2020
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